Monaco double la mise

Du 22 juin au 1er juillet, la Principauté a pris part aux XVIIIes Jeux Méditerranéens qui avaient lieu à Tarragone, en Espagne. Une délégation qui comptait 21 athlètes pour 13 sports représentés, soit la plus importante jamais envoyée sur cette compétition. Avec deux médailles d'argent, les sportifs monégasques ont doublé le nombre de breloques acquises depuis la première participation de Monaco aux Jeux Méditerranéens. De quoi rendre le bilan de cette dizaine extrêmement positif.
Pour cette XVIIIe édition, Monaco prenait part aux Jeux Méditerranéens pour la 14e fois. Et comme à son habitude, la Principauté n'a pas fait les choses à moitié. Sur 26 disciplines présentes lors de ces Jeux, les Monégasques étaient alignés dans 13 d'entre elles (aviron, boxe, athlétisme, équitation, gymnastique artistique, judo, tennis, tennis de table, pétanque, sport boules, beach-volley, ski nautique, voile). Et avec 21 athlètes, cette délégation est la plus importante jamais envoyée sur une compétition créée en 1951 (Alexandrie, Egypte). Mathias Raymond et Damien Desprat-Lerale, les deux chefs de mission, avaient pris part à ces Jeux lors de précédentes éditions (Almeria 2005, Pescara 2009 et Mersin 2013 pour Mathias, Pescara et Mersin pour Damien). De quoi encadrer efficacement les jeunes pousses faisant partie de la délégation et qui découvraient le bonheur des Jeux Méditerranéens.
Vérifications
Le Comité Olympique Monégasque, aux commandes lors de ce genre d'événements, a l'habitude de gérer des groupes de sportifs lors des différentes compétitions auxquelles les athlètes monégasques prennent part. Une semaine mouvementée pour Mathias Raymond et Damien Desprat-Lerale, tous deux n'ayant eu que peu de temps à eux sur ces quelques jours. "Nous étions deux chefs de mission avec Damien et nous nous sommes partagés les responsabilités. Je suis arrivé en premier et il m'a rejoint le lendemain, ce qui nous a donné la possibilité de dégrossir le travail à accomplir avant l'arrivée de la délégation", explique Mathias Raymond.
Une arrivée en amont des premiers sportifs qui leur a aussi permis de voir quels étaient les premiers points sur lesquels agir de manière à ce que tout soit prêt le jour J. "Le mot d'ordre quand on est dans notre position, c'est l'anticipation", glisse Damien Desprat-Lerale. "Entre les sportifs et les entraîneurs ainsi que les officiels, nous avions une délégation de 50 personnes. C'était donc une bonne chose que l'on arrive en avance pour anticiper les problèmes et veiller à ce que tout le monde soit bien installé", complète celui qui a notamment été porte-drapeau à Pékin (JO 2008). Les derniers couacs réglés, tout était donc fin prêt.
Un groupe qui vit bien
A la différence des Jeux des Petits Etats d'Europe, où tout le monde arrive en même temps, les athlètes ont rallié Tarragone par petits groupes. Pas de quoi empêcher tout ce petit monde de faire rapidement connaissance et créer un vrai esprit de corps. "La voile était la première discipline à arriver sur place, mais à chaque fois que de nouveaux athlètes nous rejoignaient, nous avons toujours réussi à organiser un déjeuner ou un dîner avec tout le monde", glisse Mathias Raymond. "Le repas est le vrai lieu de rassemblement, là où tout le monde se regroupe, communique. C'est un point clé pour tous se retrouver et apprendre à se connaître", note de son côté l'ancien navigateur.
Ces moments de rassemblements permettent à chacun de savoir qui est qui et la discipline pratiquée par les uns et les autres. Ce sont aussi de bonnes occasions pour faire passer un message ou une information à la totalité du groupe, d'autant que lors des repas, tout le monde est plus à l'écoute. "Les gens font l'effort de venir, et ce quel que soit leur résultat du jour. C'est toujours très convivial, ils sont plus attentifs aussi, plus à l'écoute. Et ça nous permet de leur montrer que nous sommes là pour eux, avec eux," précise Damien Desprat-Lerale. Et force est de constater que la tactique utilisée a porté ses fruits. Il suffisait de jeter un œil aux tribunes ou dans les gradins des différentes arènes pour y voir des membres de la délégation venus soutenir l'un des copains en lice. Et lorsque l'on demande aux deux chefs de mission le bilan de ces Jeux, aussi bien humainement que sportivement, la réponse se fait d'une seule voix.
"Sur ces deux aspects, je pense pouvoir dire qu'on a eu de très bons résultats. Sur le plan sportif, ce sont les meilleurs qu'on ait jamais eu sur des Jeux Méditerranéens. Historiquement, on avait deux médailles à Monaco. Là, on réussit à en faire deux sur une édition, donc c'est très bien, plus une 4e place, des finalistes et de bons comportements de nos sportifs, ce qui est à souligner. On a pu voir que dès qu'un athlète pouvait venir en soutenir un autre, il le faisait, ce qui a contribué à mettre de l'ambiance et apporter du soutien."
Des jeunes en découverte
Si certains avaient des objectifs élevés, d'autres étaient surtout là pour emmagasiner de l'expérience. A l'image des plus jeunes du groupe. Ce fut notamment le cas de Charlotte Afriat (athlétisme, 15 ans), Claudia Verdino (natation, 16 ans), Alexandre Marsan (ski nautique, 16 ans) ou encore Marvin Gadeau (judo, 17 ans) et Nicolas Grinda (judo, 21 ans). Sur le tartan catalan, Charlotte Afriat était alignée sur 100 mètres. La jeune fille, dont la maman courait en son temps le 100 m haies, débordait d'envie et avait à cœur de battre son record personnel sur une course où ses adversaires étaient toutes plus âgées et plus expérimentées. Lors de sa demi-finale, la plus jeune de la délégation n'a malheureusement pas réussi à battre son record (12"70 contre 12"48).
Cadette première année, combative et démontrant toujours l'envie de bien faire, la jeune fille a surtout pu s'imprégner de l'ambiance de ce genre de rassemblement et engranger de l'expérience en vue des nombreuses échéances qui l'attendent. La donne était similaire pour Claudia Verdino. La nageuse de 16 ans (elle en aura 17 en fin d'année) avait deux courses à effectuer (200 m dos et 200 m 4 nages). Si elle ne s'est pas qualifiée pour la finale du 4 nages, elle l'était directement pour le dos. Habituée aux piscines couvertes, elle s'était cependant entraînée à ciel ouvert pour prendre quelques marques, le bassin catalan étant en extérieur. Partie un peu vite (elle a réalisé ses meilleurs temps sur les deux premiers 50 m), elle a signé une course encourageante, dans la lignée de ce qu'elle avait réalisé au Mare Nostrum. Comme Claudia, Alexandre Marsan n'évoluait pas dans les conditions habituelles pour la compétition de ski nautique. Alors que les slaloms, comme toutes les autres disciplines de ce sport, se font sur un lac ou un plan d'eau, tout s'est passé dans le port de Tarragone.
Pas idéal donc, notamment au niveau des vagues. L'adversité était elle aussi particulièrement relevée avec de nombreux professionnels, certains évoluant parmi les meilleurs du circuit. Après une première manche délicate, Alexandre a mieux figuré sur la deuxième, mais cela n'a pas suffi pour qu'il puisse entrer en finale. Des cadors en face d'eux, les judokas en ont vu passer quelques-uns. Le plateau de judo était particulièrement relevé, les nations présentes envoyant leurs meilleurs combattants. Et pour Marvin Gadeau (17 ans, +100 kg) et Nicolas Grinda (21 ans, -90 kg), la marche était tout simplement trop haute cette année. Mais, là-aussi, le but était surtout de leur faire gagner en expérience face à des combattants plus âgés et plus aguerris dans un contexte international.
Ils ont tout donné
A l'image de leurs jeunes camarades, Cédric Bessi (-73 kg) et Yann Siccardi (-60 kg) n'ont pas eu plus de réussite. Pour illustrer le niveau présent en face, il suffit de jeter un œil au premier tour qui était réservé à Cédric Bessi. Ni plus ni moins que le champion olympique 2016 (Fabio Basile, en -66 kg), passé depuis à la catégorie de poids supérieure. Pas plus verni lors des repêchages, en tombant contre un Algérien solide, Cédric Bessi n'a pas réussi à s'exprimer au mieux de son judo. Pour Yann Siccardi la donne a été la même, avec du lourd d'entrée de jeu (Fredj Dhouibi, Tunisie, 23e mondial). Lors des repêchages, c'est face à un jeune Slovène qu'il s'est incliné. Revenus de blessure quelques semaines avant les Jeux, Cédric et Yann étaient tous deux à court de préparation, ce qui ne les a forcément pas aidés. Autre sport, autre adversité élevée.
Que ce soit en pétanque ou en lyonnaise, les boulistes monégasques n'ont pas connu meilleure fortune que leurs collègues judokas. Souvent opposés à des joueurs professionnels, Michel Audino et Jacky Petturiti n'ont pu se qualifier pour les finales, en doublette comme en tir de précision, malgré une belle résistance, notamment face à l'Italie de Diego Rizzi. Même chose pour Jessica Samarati et Florian Valeri, en boule lyonnaise, où tous deux ont tenté, en vain, de rallier les finales, même si cela n'est pas passé loin pour Jessica. La jeune fille a en effet échoué d'un rien, à un point, de se qualifier en tir de précision. Même chose du côté du beach-volley, où les frères Ferry, Pascal et Vincent, n'ont pas été vernis au tirage. Placés dans la seule poule de 4, notamment avec les tenants du titre (Turquie), ils sont passés tout près de s'imposer face à la paire algérienne (défaite en trois sets), ce qui aurait pu leur permettre de se qualifier pour la suite.
Mais pour leur première sur une compétition de cette envergure, les frangins pouvaient se montrer satisfaits du jeu développé sur les trois matches qu'ils ont disputés. Un combat, c'est aussi ce qu'a mené Hugo Micallef. Le boxeur monégasque (-64 kg) était opposé à Yanis Mehah, plusieurs fois champion de France et adversaire connu du jeune homme. Les deux se sont affrontés à plusieurs reprises, avec un bilan en faveur du boxeur de la Principauté. Mais tout ne s'est pas déroulé comme Micallef l'espérait et c'est finalement le Français qui s'est imposé, stoppant net la route du Monégasque. Une déception pour le combattant qui visait plus sur ces Jeux.
Satisfactions et finales
Parmi les 21 athlètes présents, plusieurs ont brillé et atteint leurs objectifs sur cette semaine. A commencer par les régatiers Jérémy Moutout et Lisa Caussin-Battaglia. Respectivement 8e (Laser) et 14e (Laser Radial), ils ont su mener à bien leur semaine de régates. Car tous deux avaient onze manches à disputer, à raison de deux par jour (sauf le dernier, il n'y en avait qu'une). Avec une journée de repos en milieu de semaine, la route a été longue pour eux avant d'entrevoir l'arrivée finale. Et au cours des différentes manches disputées, ils ont réussi de belles choses, à l'image de Jérémy, 3e sur la course 8, comme Lisa, 7e sur la 10e manche. De quoi envisager l'avenir sereinement pour les deux jeunes navigateurs, d'autant que leur marge de progression est encore importante, surtout pour Lisa, qui a débuté la voile de façon intensive il y a seulement 6 mois.
Satisfaction également en équitation où Wenceslas Thomel a réussi de très bons parcours le menant jusqu'en finale. S'il s'est finalement classé en 25e position, le Monégasque a su réaliser un 4e passage de haute volée, où il n'a pris qu'une seule pénalité et a réalisé un superbe temps (68"83). Lui aussi entré en finale, Kevin Crovetto a assuré un super match en gymnastique artistique. Après une année où il a été très pris par son diplôme d'entraîneur, et qui l'a vu prendre part activement à la montée de son équipe en Top 12, Kevin a de nouveau atteint son objectif. Qualifié pour la finale du concours général, c'est en 17e position qu'il s'est classé, à l'issue d'un match où il n'est pas tombé et a ainsi réussi 12 complets.
De quoi apporter une réelle satisfaction dans le camp des gymnastes et lui permettre d'améliorer sa performance de Mersin, où il avait terminé en 22e position. Engagé en skiff, Quentin Antognelli avait à cœur de réaliser de beaux Jeux en aviron, lui qui a, comme Jérémy Moutout, Kevin Crovetto ou Hugo Micallef, les Jeux Olympiques de 2020 dans le viseur. Qualifié pour la finale à l'issue de la course de repêchage, Quentin a fièrement tenu son rang, passant même près de monter sur la boîte, puisqu'il termine finalement 4e. Mais une 4e place pleine d'espoir pour l'avenir, les trois de devants étant des garçons du circuit et des internationaux reconnus.
Médailles
Deux médailles d'argent sont venues couronner la belle semaine monégasque et ont amélioré le bilan de la Principauté sur les Jeux Méditerranéens. La première est intervenue en milieu de semaine avec Xiaoxin Yang (tennis de table). Jeune maman, "Xiao", comme elle est surnommée, n'avait repris l'entraînement qu'en janvier et a dû jouer 9 matches en trois jours pour s'octroyer une place sur la boîte. Déçue, bien sûr, de ne pas accrocher l'or, la pongiste était tout de même heureuse de sa performance, comme elle l'a déclaré au COM après avoir reçu sa breloque. "Je suis très contente d'avoir obtenu cette médaille pour la première fois en tennis de table. Ce résultat me donne de la confiance pour la suite."
L'autre médaille est arrivée en fin des Jeux, le samedi, avec Lucas Catarina. Tête de série numéro un sur le tournoi de tennis, le jeune homme, qui ne cesse de progresser ces derniers mois, et qui avait notamment fait une très belle impression face à Milos Raonic lors du dernier Rolex Monte-Carlo Masters, a su tenir son rang, même si tout ne fut pas facile. Son entrée en matière a d'ailleurs été délicate et le marathon disputé (plus de 3 heures de jeu) a forcément pesé en fin de semaine, lorsque le jeune homme a croisé le fer avec Lamine Ouahab.
Le Marocain, pur terrien et figure connue sur le circuit ATP, a joué la carte de l'expérience face à un Lucas usé physiquement par sa semaine. Après le bronze aux Jeux des Petits Etats l'an dernier, à Saint Marin, c'est l'argent qu'il vient d'ajouter à son palmarès. "La semaine a été longue et je suis soulagé d'avoir pu décrocher cette deuxième place et d'avoir été récompensé de mes efforts", déclarait le poulain de Guillaume Couillard au Comité Olympique Monégasque. Avec ces deux médailles, Monaco double ainsi la mise au nombre total de breloques remportées sur les Jeux Méditerranéens. De quoi dresser un bilan forcément positif de cette 14e participation à cette compétition. Et regarder l'avenir avec sérénité compte tenu de la jeune génération qui arrive.
Publié le
Par Romain Chardan Photos : COM, Gaëtan Luci / Palais Princier, Émilie Rousseau / Monaco info et Tarragone2018.