Au service du haut niveau

Depuis qu'il a quitté les rangs des carabiniers du prince, Jean-Marc Toesca se consacre à sa passion : l’entraînement de boxeurs et le coaching sportif. Avec ses deux acolytes, Romain Goiran et Julien Cereghelli, ils ont créé Ambitious Expertise, une structure où ils s'occupent des sportifs de haut niveau, boxeurs et footballeurs au premier rang.
Pour voir les boxeurs de Jean-Marc Toesca en pleine action, c'est au sous-sol du 39 Monte-Carlo - le club de sport privé de l'ancien international écossais de rugby, Ross Beattie - qu'il faut se rendre. Là où Ambitious Expertise a établi depuis un an son camp d'entraînement.
Ceintures bien en évidence sur l'espalier de la salle, musique à fond, Hassan N'Dam, Mehdi Amar et Hadillah Mohoumadi sont en pleine séance. Au menu du jour : échauffement à la corde, un peu de "shadow" (pratique de mouvements de boxe répétés dans le vide, généralement face à un miroir). Le tout suivi par un exercice avec pattes d'ours, tout aussi fatigant pour les sportifs que pour leur entraîneur. "On recrée des situations de combat et des enchaînements de poings, parades, esquives…", explique Jean-Marc Toesca. "A travers tous ces exercices, je vais régler les déplacements, les positionnements, les hauteurs, les transferts de charge, les accélérations. Je regarde tout pour amener les petits détails. Ce sont des champions, ils savent boxer, je fais de l'horlogerie avec eux".
Maîtrise et savoir-faire
Cet œil acéré, c'est le résultat d'années d'expérience et de pratique. "J'ai commencé il y a plus de 30 ans par le karaté. Ensuite j'ai fait du pieds-poings classique, de la boxe anglaise, du yoseikan budo, avant de passer progressivement au jiu-jitsu, grappling…", souligne celui que l'on surnomme aujourd'hui le "sorcier de la boxe". Peut-être aussi pour sa barbe fournie et ses long cheveux blancs. Le regard pétillant, la voix posée, Jean-Marc Toesca n’est pas avare quand il s’agit d'évoquer sa passion pour le combat, "sous toutes ses formes", qui a longtemps rythmé son temps libre.
Car sa première activité professionnelle, elle, était bien loin de celle qu'il exerce aujourd'hui. Pendant 23 ans, il a été carabinier du Prince. "J'étais responsable du groupe de chauffeurs de sécurité de la famille souveraine", précise le coach. En parallèle, le carabinier avait créé la première équipe de combat libre de Monaco et animait "des interventions au sein de plusieurs structures en self-defense, GTPI (Gestes Techniques Professionnels en Intervention pour la police, notamment), close combat". C'est en 2010 qu’il a eu le déclic. "Je suis arrivé à un moment de ma carrière où j'étais tellement passionné que je me suis dit "c'est maintenant ou jamais". Et j'ai donc décidé que c'était le moment de basculer dans mon rêve".
Ambitious Expertise
Il lui a cependant fallu quelques années pour voir sa structure se monter. Après avoir quitté les carabiniers en 2010, ce n'est qu'en 2017 que l'aventure prend un nouveau tournant, avec Romain Goiran et Julien Cereghelli à ses côtés. "Ambitious Expertise est né de compétences. C'était déjà notre métier avec Romain, chacun de notre côté, avec notre réseau professionnel et nos aptitudes respectives. À un moment donné, on a décidé de se regrouper. L'arrivée de Julien coulait de source aussi parce qu'il apporte une autre expertise et un savoir-faire." Au sein du trio, les rôles sont ainsi bien définis. Jean-Marc porte à la fois la casquette d'entraîneur de boxe et de préparateur physique. Romain Goiran, le coach mental et coordinateur sportif, lui, veille au bien-être de leurs protégés.
"Vous avez des coaches mentaux qui vont faire des séances d'une heure et demi pour mettre en place des techniques, fixer des objectifs. Nous on est plutôt sur l'instant. On parle au quotidien tout simplement. On arrive à faire passer des messages mais aussi à en capter pour organiser des entraînements, des soins". "Le coaching mental, c'est prendre des mots clés et rebondir dessus, confirme Jean-Marc. Puis on creuse les petits problèmes et blocages. Le faire au quotidien permet d'enlever des petits nœuds et de capter les soucis. Et on essaie, au travers de discussions, de leur faire trouver eux-même des solutions." Quant à Julien Cereghelli, étiopathe, sa spécialité, c'est "la mécanique". Mais l'étiopathie, késako? "C'est comme de l'ostéopathie mais avec une autre approche, qui va travailler sur la cause des problèmes. Le but c'est de traiter les lésions latentes (articulaires, osseuses, musculaires, ostéo-squelettiques) pour éviter que le sportif ne se fasse mal. On va faire le point, vérifier toutes les tensions et limitations articulaires et musculaires, avec pour objectif de les faire lâcher durant la séance. Je dois faire en sorte que le corps soit à 100% de sa mobilité, de sa puissance et de son efficacité". Mais leur expertise va au-delà de l’encadrement sportif.
Le trio de choc a su s'entourer d'intervenants aux compétences diverses et variées, leur permettant de répondre à tous les besoins. " Nous avons une danseuse des Ballets d'Athènes par exemple. On peut avoir des cours de français, de math, de piano, de chant… ça dépend de l'instant et des besoins du sportif. Quand on sent qu'il n'a pas forcément besoin de nous, mais plutôt de s'évader, on peut mettre cela en place. Notre expertise, c'est aussi d'aller au-delà des nécessités physiques."