Petits jeux, grandes émotions

Monténégro - 2019
Une première. Et comme un symbole, c'est tout juste 10 ans après son intégration aux Jeux des Petits États d'Europe que le Monténégro a organisé les Jeux pour la toute première fois. Athlètes, coaches, membres des délégations et de la presse ont ainsi tous été réunis au même endroit, à Budva, au Slovenska Plaza, de quoi créer une réelle ambiance conviviale tout au long de la semaine.
De quoi souder encore un peu plus les athlètes, même si certains d'entre eux ont dû voir du pays pour participer à leurs épreuves et entraînements (basket, athlétisme, natation notamment), mais pas de quoi entamer leurs réserves, comme en témoignent leurs performances. Car, avec 47 médailles au compteur, les représentants de la Principauté ont tout simplement signé le deuxième meilleur bilan des JPEE, juste derrière les 52 médailles obtenues à Monaco en 2007. Morceaux choisis.
Cassandra Petit, grande médaillée
Elle est sans conteste la grande athlète de ces Jeux. Et a intensément participé à l'excellent bilan de la Principauté sur ces JPEE, comme à celui de la natation (19 médailles). A elle seule, ou presque, Cassandra Petit en a ramené pas moins de 9 ! Dans le détail, cela donne 5 médailles d'or en solo (50 m nage libre, 50 m papillon, 50 m brasse, 100 m nage libre et 200 m 4 nages) une en relais (4 x 100 m nage libre avec Pauline Viste, Tifenn Bertaux et Laeticia Antunes Da Costa), une en argent (relais 4 x 200 m nage libre avec Pauline Viste, Laeticia Antunes Da Costa et Lisa Pou), ainsi que 2 en bronze (200 m nage libre et 100 m papillon).
Une performance exceptionnelle faisant d'elle la nouvelle détentrice du record de médailles sur une édition dans les rangs monégasques, jusque là détenu par un autre nageur, François-Xavier Paquot (8 médailles en 2005 à Andorre, 7 en bronze, une en argent). 9 médailles en 10 courses, le bilan est quasi-parfait pour la demoiselle, aussi heureuse de ses breloques personnelles que celles ramenées en groupe, comme elle nous l'avait confié à l'issue des compétitions, sourire aux lèvres. Une réussite d'autant plus forte qu'elle participait pour la première fois, à 24 ans, aux JPEE.
La jeunesse prend le relais
C'est l'un des enseignements à retenir de cette XVIIIe édition des Jeux des Petits Etats. Les jeunes pousses formées à Monaco ont concrétisé un travail de longue haleine, parfois entamé plusieurs années auparavant au sein des clubs de la Principauté. Notamment du côté des nageurs et des judokas. Si Cassandra Petit a naturellement attiré la lumière sur cette édition, ses petits camarades de bassin n'ont pas démérité, loin de là. Comme souvent, c'est un groupe jeune qu'a emmené Michel Pou sur les JPEE.
Si l'on jette un œil à l'âge des médaillés (voir détail des médailles dans l'encadré), le constat est encore plus fort. En dehors de Cassandra (24 ans aux JPEE) et Lisa Pou (20 aux JPEE), tous les autres ont moins de 20 ans (16 à 19). Et tous et toutes sont des produits de la formation monégasque. A l'exception de deux d'entre eux, présents au club depuis un peu plus de 4 ans au moment des JPEE, tous les autres n'ont connu qu'une seule entité : l'AS Monaco. Marcus Sainton (17 ans), Laeticia Antunes Da Costa (15 ans), Tifenn Bertaux (16 ans), Pauline Viste (19 ans) et Lisa ont tous fait leurs premiers mouvements dans l'eau à l'AS Monaco. Romain Vanmoen et Adib Khalil, quant à eux, les ont rejoint alors qu'ils n'étaient âgés que de 13 ans, pour glaner leurs premières médailles à 17 ans (voir encadré). Et le constat se prolonge du côté du judo. Car là aussi la jeune garde a montré qu'on pouvait compter sur elle à l'avenir.
Tizie Gnamien (19 ans aux JPEE), Florine Soula (17 ans), Carulina Grimigni (16 ans) et Rania Drid (19 ans) ont eux aussi fait parler la poudre, alors qu'ils sont tous présents au JCM depuis leur entrée dans la catégorie cadets. Chez les messieurs, Tizie a fait étalage de toute sa classe et de sa puissance, ne laissant aucune chance à ses adversaires pour aller chercher l'or dans une catégorie particulièrement relevée (-81 kg). Il a d'ailleurs été imité par la jeune Florine (or chez les -63 kg), tandis que Carulina (-70 kg) et Rania (-63 kg) ont pris l'argent.
A noter que ces demoiselles ont également remporté l'or par équipe avec deux ''anciennes'', Sara Allag et Lisa Mebarki. Mais ce sont bel et bien les jeunes qui ont ramené l'essentiel des médailles chez les judokas (5 sur 8). De quoi, là aussi, confirmer la tendance jeune de ces jeux, qui peut s'étirer jusqu'à l'athlétisme, où Giovanni Molino (21 ans), Téo Andant (20 ans) et Lise Boryna (22 ans) ont eux aussi brillé. Mention spéciale pour la demoiselle qui a signé sa 3e médaille consécutive en 3 participations.
Larmes d'or pour le relais
Avec 5 médailles, l'athlétisme monégasque a fait aussi bien que lors de la précédente édition. Mais la bande à Frédéric Choquard et Didier Boinon a offert un grand moment d'émotions et de partage sur la piste du stade de Bar. On s'avance alors vers le relais 4 x 400 m. Dans un coin, on aperçoit un visage connu. Jacques Candusso, alors entraîneur de ce relais, a fait le déplacement jusqu'à Bar. Médaillés de bronze à Saint-Marin, deux ans plus tôt, ses garçons ont un objectif en tête.
L'équipe a quelque peu évolué. Téo Andant et Giovanni Molino sont toujours là. Avec eux, on retrouve Gabriel Dulière et Tristan Baldini. C'est d'ailleurs le dernier nommé qui se doit de bien lancer le relais en tant que premier partant. Le start retentit. Le plan se déroule à merveille. Chacun met son partenaire dans de bonnes dispositions, donnant tout sur le tartan. Déjà auréolé d'une médaille d'or sur 400 m, Téo Andant a des fourmis dans les jambes. Giovanni Molino lui passe alors le relais et l'international espoir français s'élance. Il creuse petit à petit la distance avec ses poursuivants. Bras levés, il franchit la ligne d'arrivée.
Face à eux, Jacques Candusso a les larmes aux yeux, même s'il tente de les masquer derrière ses petites lunettes et la fiche où il finit de noter le temps. Un temps record, puisqu'il s'agit de la nouvelle meilleure marque du relais 4 x 400 m monégasque : 3'14''45. La communion et le tour de piste de toute une délégation qui ont suivi ont résumé à eux seuls ce moment, alliage de liesse et de partage.
Jeremenko, la passe de trois
Chez les tireurs, les Monégasques ont de quoi faire frémir leurs adversaires. Surtout l'un d'eux. Il n'y a que très peu de bruit lors d'une compétition de tir. La concentration atteint un niveau rare. Bras tendu, œil rivé sur la cible et la mire, Boris Jeremenko n'est pas du genre à se laisser distraire.
Face à un participant régulier des manches de coupe du monde (l'Islandais Asgeir Sigurgeirsson), il n'a pas démérité, prenant finalement la 2e place, synonyme de médaille d'argent, au terme d'un match où les deux ont fait la course en tête (234,9 pour l'Islandais, 231,4 pour Boris contre 212,4 points pour leur premier poursuivant). De quoi lui permettre de récupérer la couleur qui lui manquait après l'or islandais et le bronze saint-marinais.
Mamans super-stars
Absente à Saint-Marin (grossesse), Xiaoxin Yang faisait son retour au sein de la délégation pour ces JPEE au Monténégro. Engagée dans trois compétitions, elle a contribué à ramener trois médailles supplémentaires au contingent monégasque (bronze avec Ulrika Quist en équipe et or en double). Xiao a également brillé en simple, écrasant la Chypriote Louiza Kourea 3 sets 0 en 13 minutes en finale.
C'était l'une des belles histoires de cette édition. Revenue à la compétition 5 mois avant les Jeux après la naissance de son deuxième enfant, Eva Hamzaoui-Biton, accompagnée de Caroline Revel-Chion, a bataillé ferme en beach-volley. Et toutes les deux ont assuré dans leur mini-championnat avec une superbe médaille d'argent à la clé !
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Dossier réalisé par Romain Chardan (avec la participation de Jimmy Boursicot) Photos : Jimmy Boursicot, Romain Chardan, Charly Gallo et Manuel Vitali / Direction de la communication.